Le Vitriol des Sages (Part.1)

Publié le par adrien H.SELVAIRE

le Vitriol est l'ancien nom pour designer les sulfates(SO4). Abondamment commentés dans la littérature alchimique (notamment par Basile Valentin), les vitriols sont considérés comme une des clefs qui menent à la Pierre Philosophale. Dans son "Dernier testament"  Basile Valentin fait mention d’un vitriol dit « de Hongrie » que le moine bénédictin indique comme étant une pierre offrant un moyen plus direct et qui, par distillation, mène à une matière, laquelle précisément contient en elle les trois principes utiles à la réalisation du Grand œuvre (sel, soufre et mercure). Le vitriol dont nous parle Basile Valentin est appelé aujourd’hui la chalcantite, qui est un sulfate de cuivre d’un bleu azure de formule CuSO4.5H2O. Les vitriols ou sulfates sont de ature  ferrique (vitriol de Mars, de couleur verte) ou cuivreuse (vitriol de Venus, de couleur bleu.) et il en existe un grande variété dans la nature, comme la mélanterite, la coquimbite ou encore la quenstedtite, qui sont des sulfates de fer ou la pisanite et chalcantite qui sont des sulfates de cuivre. Tout ces minerais, hélas, restent très rares et parfois précieux aux yeux de certains collectionneurs. Il est toutefois possible d’en créer artificiellement en imitant l’œuvre de la nature. Voici pour exemple le procédé de M. N. LEFÈVRE cité dans le tome 4 de ses « cours de chimie ».

Le vitriol de Chypre & celui de Hongrie, qui sont fort bleus participent du cuivre, & le Romain qui est vert, tient du mars, ainsi que celui d’Allemagne. La manière donc on fait le vitriol artificiel, nous enseigne la manière dont le naturel s’engendre . On prend de l’esprit acide de soufre, on le délaye avec de l’eau, puis on y ajoute du mars ou du cuivre, que l’esprit acide de soufre ne manque pas de corroder. Après cette calcination corrosive, on filtre & on laisse évaporer la matière calcinée, puis on la met à la cave où il se forme des cristaux de vitriol bleus ou verts, c’est-à-dire, tenant du mars, ou du cuivre : & ce vitriol artificiel est si semblable en tout au naturel, qu’un œuf n’est pas plus semblable à un autre œuf ; au reste à l’occasion de l’esprit de soufre, avec lequel le vitriol se fait, ont sait que le soufre a deux substances, l’une bitumineuse & inflammable, l’autre saline, qui se détache dans la déflagration, & se réunissant ensuite compose l’esprit acide.

La manière la plus belle & la plus utile de composer le vitriol artificiel, est de prendre des lamelles de fer ou de cuivre, de les stratifier & cimenter dans un creuset avec de la poudre de soufre, & de les calciner ainsi sur le feu, car lorsque le soufre s’enflamme, l’esprit acide s’en détache pour corroder la substance du mars ou du cuivre. La calcination faite, on met ce mélange dans l’eau simple, qui devient verte, si c’est du mars, & bleue, si c’est du cuivre qu’on employé. Filtrez la liqueur, & faites-la évaporer à la quantité requise, & vous trouverez au fond des cristaux très beaux. Ce vitriol artificiel est le même que le naturel, il a le même usage & les mêmes effets. Si on distille l’un ou l’autre avec les préparations requises on tirera de part & d’autre un phlegme insipide, & un esprit acide très semblable à l’esprit de soufre commun. La tête morte qui reste, étant calcinée ou fondue avec les borax, donne un véritable mars ou un véritable cuivre. Ce qui nous fait conclure avec tous les Chimistes, que le vitriol est composé, d’une mine métallique & spécialement de mars ou de cuivre, corrodée par l’esprit acide soufre. Voyez l’Anatomie du vitriol d’Angélus Sala, où Kirkerus a copié mot pour mot ce qu’il a écrit touchant le vitriol, en supprimant le nom du véritable Auteur. Le vitriol naturel se trouve en terre en forme de vitriol, ou sous la forme d’une pierre sulfureuse nommée pyrites, qui participe du mars, du cuivre ou du soufre, de laquelle on fait ensuite le vitriol de la manière qui fuit: on concasse cette pierre, on la calcine, & ensuite on l’expose à l’air, pendant quoi le vitriol se forme de lui même, ou bien on le tire avec de l’eau par une lessive qu’on en fait. Le fondement de cette préparation est que pendant que ces pierres se calcinent, le soufre enflammé donne son esprit acide qui se prend au métal avec lequel il est joint pour le corroder & après quand elles sont ensuite exposées à l’air, les humidités de celui-ci s’y insinuent peu à peu, elles se joignent à l’acide du soufre, elles le dissolvent, &, le vitriol se produit successivement.

On trouve peu de vitriol pur ou simple, si ce n’est celui de Chypre & de Hongrie, celui de Rome & d’Allemagne, sont ordinairement mêlés. Quand on veut en avoir de pur pour l’usage de la Médecine, on le prépare de la manière qui suit. On dissout du vitriol de mars ou de cuivre, dans de l’eau simple, on fait bouillir la dissolution sur le feu, & pendant cela on y met des verges de fer, ce qui fait précipiter le cuivre au fond, d’autant que l’acide qui est dans le vitriol quitte le cuivre pour s’attacher au mars. On a par ce moyen un vitriol de mars allez pur.

On calcine le vitriol en blancheur pour le distiller, & il sort en premier lieu un phlegme qu’on appelle autrement rosée de vitriol : & quand la liqueur devient acidede on augmente le feu, & il se forme des nuages qui se coagulent & forment l’esprit de vitriol. L’huile de vitriol sort la dernièrere, & termine la distillation ; l’huile & l’esprit de vitriol ne différent que par le plus ou moins d’acidité. L’huile qui souffre la dernière violence du feu, enlève avec soi des particules métalliques, ce qui la rend grossière & obscure, & l’esprit est mêlé avec plus de phlegme ou d’eau, & par cette raison il est moins acide que l’huile, dont l’acide est concentré, & qui a besoin d’un feu plus violent. Une preuve de ceci, c’est que si on rectifie exactement l’esprit de vitriol, & qu’on en tire tout le phlegme à chaleur lente, il aura la même acrimonie & la même consistance que l’huile ; au contraire si on verse de l’eau simple distillée sur l’huile corrosive de vitriol, & qu’on distille le tout pour rectifier l’huile comme on a fait l’esprit de vitriol, l’huile prendra la forme de l’esprit.

ce procédés n'est, bien sûre, pas le seule. On peut mentionner la façon des teinturiers qui utiliser les sulfates pour élaborer leur pigment vert et bleu à partir de la pyrite ou de la chalcopyrite qu’ils faisaient oxyder et en extrayaient les oxydes par lavements et obtenaient précisément la mélanterite (avec l’emploie de pyrite FeS2) ou la chalcantite (avec l’emploi de chalcopyrite CuFeS2). Il est à noter le nombre impressionnant de fois où la couleur verte est  mentionnée dans certains ouvrages, comme chez Clovis Hesteau de Nuysement dans son Traictez du vray sel secret des philosophes et de l’esprit générale du monde où il écrit ceci : 

 

 

Or cette racine et minière est enclose dans l’antique sein du vieil Demogorgon,

 

pro- géniteur universel, que les poètes, très diligents inquisiteurs des secrets naturels, ont ingénieusement

 

dépeint revêtu d’une chappe verde, enveloppée d’une rouille fangeuse, couverte d’obscures ténèbres (…)

 

Les vocables sont nombreux pour désigner le "sel vert" , on retiendra le "loup vert" ou encore l’émeraude.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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A
, je sais bien, moi, que tu t'appelle pas "H.Selvaire&
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